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Comment la population «mélangée» des plantations pense-t-elle ses
origines plurielles ? Pourquoi des consanguins de même père même
mère se donnent-ils chacun une identité ethnique différente ? Bien que
tous honorent les ancêtres de leur famille dans la religion de leur pays
d'origine, l'aîné se déclare malgas, le puîné se considère malbar en tant
que pratiquant hindou, son frère qui privilégie ses origines africaines se
dit kaf, sa soeur qui se veut exclusivement catholique se sent kréol, tandis
que le benjamin se définit comme un batar parce qu'il revendique
toutes ses origines.
Marquée par des héritages multiples, dans quels contextes, par quels
processus d'élaboration le «mariage des cultures» a-t-il eu lieu à la
Réunion ? Selon l'hypothèse de l'auteur, la pratique d'un culte des
ancêtres, conforme aux valeurs fondamentales et des Malgaches et des
Bantous, qui a perduré après l'arrivée massive des Hindous, a contribué
à l'édification d'une pensée religieuse unifiée tout en laissant cohabiter
les univers culturels et religieux de chacun.
Cette situation paradoxale, analysée de l'intérieur, s'éclaire à partir
des phénomènes de possession présents dans les rituels qui révèlent la
suprématie des ancêtres sur l'ordre social et la vie de chacun. La «religion
malgache», importée à la Réunion par les esclaves et les «engagés»,
sert de toile de fond pour comprendre les interactions avec l'hindouisme
originaire du sud de l'Inde et le catholicisme imposé par la
colonisation.