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Dans le troisième roman de Pierre Béguin, Terre de Personne
 (L'Aire, 2004 - Livre de la Fondation Schiller
 2005), le narrateur pénètre en plein coeur de la forêt
 amazonienne à la recherche de tombes précolombiennes encore
 inexplorées. Il ne se doute pas que cette expédition va se transformer
 en une suite d'épreuves terrifiantes.
Ce livre, qui peut se lire comme un captivant roman d'aventures,
 est aussi une tentative de réponse aux interrogations que
 posent la douleur et la mort. En corrigeant son manuscrit, six
 ans après l'avoir écrit, l'auteur s'aperçoit que la fiction qu'il a
 imaginée le renvoie au drame tout proche qui a bouleversé sa
 vie et celle de L***, sa femme : la perte, au bout d'une semaine
 d'angoisse insoutenable, d'un enfant longtemps attendu, ardemment
 désiré. Certes, les circonstances sont totalement différentes,
 mais cette mort injuste, scandaleuse, appartient, comme
 la descente aux enfers du pilleur de tombes, à un monde où,
 pour pouvoir survivre, il est impératif de trouver un sens à la
 souffrance. «Je ne voyais, note Pierre Béguin, que deux manières d'accomplir
 cette mission : cimenter du substrat même de cette tragédie ma
 relation avec L*** et raconter l'histoire de cet enfant à qui la vie n'avait
 laissé aucune chance.»
C'est ce qui l'a décidé à écrire Jonathan 2002, son premier ouvrage
 autobiographique. Un récit sobre, poignant, qui lui permet
 d'entrevoir, au-delà de la douleur et malgré son apparente
 absurdité, «une cohérence mystérieuse» qui rayonne sur le cours
 des choses.
Yvette Z'Graggen