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Au XIXe siècle, la guerre sur mer connaît une transformation radicale
avec la révolution de la vapeur qui permet aux marins de s'affranchir de
l'immémoriale contrainte des vents. Tout est à repenser : les évolutions,
la tactique, la stratégie. L'effort intellectuel est intense, à la mesure des
transformations techniques. Dans un premier temps, les marins se soucient
d'abord de l'art de manoeuvrer et de combattre. La tache est
d'autant plus difficile que l'Europe connaît une longue période de paix,
entrecoupée seulement de conflits limités. Le raisonnement ne peut donc
guère s'appuyer sur l'expérience. D'où de multiples tâtonnements et le
recours aux tactiques les plus diverses, parfois même extravagantes, tant
il faut imaginer à partir de bases fragiles. Ce n'est qu'à partir des années
1870 que la pensée tactique commence à se stabiliser, permettant le passage
à une réflexion stratégique, elle aussi nouvelle. L'essor du commerce
maritime, l'apparition de nouvelles armes comme le sous-marin,
favorisent la multiplication des hypothèses, la recherche de solutions
alternatives, particulièrement en France où l'on cherche à contourner la
maîtrise britannique des mers. Cet immense corpus tactique et stratégique
n'avait jamais été étudié. Avec ce livre, le XIXe siècle cesse d'être
une page blanche pour la pensée navale.
