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Les choses communes (res communes) désignent, traditionnellement, les
 rares entités naturelles que l'homme n'a pas encore conquises, telles que l'air,
 l'eau courante, la mer et la lumière. Héritée du droit romain, la catégorie a
 subrepticement traversé les siècles sans marquer les esprits. D'ailleurs, la seule
 disposition du Code civil qui lui fut consacrée en 1804 - l'article 714 - est pour
 le moins négligée car tenue pour surannée. À première vue, ce désintérêt n'est
 guère étonnant. En disposant que les res communes sont «des choses qui
 n'appartiennent à personne et dont l'usage est commun à tous», l'article 714 du
 Code Napoléon paraît se borner à énoncer une règle de bon sens, une évidence,
 et non une règle juridique. Il reste que le faible intérêt que l'on attache
 habituellement à la notion de chose commune n'a peut-être pas vocation à
 durer. Ainsi, tant l'étude de l'inappropriabilité que celle de l'usage commun
 témoignent de sa modernité.
C'est, tout d'abord, l'analyse de l'inappropriabilité, et plus particulièrement
 de son fondement, qui dévoile le renouveau de la catégorie des choses
 communes. Pourquoi les choses communes sont-elles inappropriables ? Leur
 inappropriabilité résulte-t-elle de leur nature juridique ou de leur nature
 physique, telle leur abondance ou leur immensité ? En rupture avec les analyses
 traditionnelles, l'auteur considère que l'inappropriabilité des choses
 communes, loin de découler de leur nature physique, est toujours, d'une
 manière ou d'une autre, organisée par le droit.
L'usage commun dévoile, quant à lui, la portée notamment prospective de
 la chose commune. Il met ainsi en lumière les virtualités de la chose commune à
 l'aune de la protection de l'environnement à travers la lente réception en droit
 positif d'un devoir de conservation des choses communes.
Mais c'est sans doute le rayonnement de l'usage commun au-delà de la
 sphère des choses communes qui manifeste avec le plus d'éclat le renouveau
 des res communes. De manière inattendue, la chose commune, promue au rang
 de modèle, fournit une source d'inspiration pour élaborer le régime de
 certaines choses appropriées. Ces choses qui empruntent à la chose commune
 l'un de ses éléments caractéristiques - l'usage commun - tout en ayant un
 propriétaire constituent en quelque sorte des «quasi-choses communes».