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Par comparaison avec le droit privé, l'étude des coauteurs semble
 marginale en droit administratif. Pourtant, les interventions conjuguées des
 pouvoirs publics se multipliant, les hypothèses de codécisions et de
 coactions sont loin d'être rares. Renouant avec l'idée de coadministration
 chère au doyen Hauriou, cette thèse propose une analyse à la fois des
 coauteurs d'un acte et des coauteurs d'un dommage. Elle démontre que
 deux caractéristiques s'appliquent à tous les coauteurs : ceux-ci sont dans
 un rapport d'égalité et ils sont liés par une certaine solidarité. Plus
 précisément, si l'égalité est nécessaire entre les coauteurs, le droit
 administratif ne reconnaît qu'une solidarité restreinte des coauteurs.
L'égalité des coauteurs d'un acte se manifeste par un véritable partage
 de la compétence à l'origine de la même décision. Quant aux coauteurs
 d'un dommage, ils sont liés par un partage de la causalité lors de la
 production du même fait dommageable. La thèse propose alors une
 identification des éventuels coauteurs d'un acte : elle aborde des
 hypothèses telles que l'émission d'un avis conforme ou la formulation d'une
 proposition impérative. A partir de la jurisprudence relative aux coauteurs
 d'un dommage, une typologie des coactions est également dressée, qui
 distingue la coaction fictive entre une personne publique et son agent, la
 coaction éventuelle lors d'interférences entre personnes juridiques et la
 coaction manifeste lors de collaborations entre celles-ci.
L'égalité des coauteurs devrait se prolonger par une solidarité, mais
 celle-ci n'est reconnue que de manière restreinte en droit administratif.
 Même si le juge administratif sanctionne, en principe, pour vice de
 compétence l'absence de tout coauteur d'un acte, il n'en demeure pas
 moins que celui qui édicte l'acte - l'auteur nominal - conserve une certaine
 primauté. La solidarité qui lie les coauteurs d'un acte est donc incomplète.
 Appliquée aux coauteurs d'un dommage, la notion de solidarité revêt un
 sens spécifique : elle désigne essentiellement l'obligation pour le coauteur
 poursuivi par la victime d'indemniser intégralement cette dernière. En
 reconnaissant cette solidarité seulement de manière limitée, le droit de la
 responsabilité administrative cultive une certaine autonomie par rapport au
 droit privé.