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Lors de sa parution voici dix-neuf ans, Chronique des derniers
païens fut salué à la fois par la critique universitaire la plus prestigieuse
- Pierre Vidal-Naquet, Pierre Chaunu, Paul Veyne,
Michel Tardieu - et par un large public qui en fit un des livres les
plus lus de sa catégorie. L'auteur, Pierre Chuvin, avait en effet
choisi de raconter le triomphe du christianisme dans l'Empire
romain en se plaçant du côté des vaincus, les «païens», sans
complaisance à leur égard ni dénigrement des vainqueurs.
Une première partie, «Chronique» proprement dite,
déroule la fresque narrative des mesures successives de mise
à l'écart, puis de proscription des cultes polythéistes. La
seconde partie, «Portrait», fait revivre ces ultimes croyances
et pratiques de l'Antiquité classique et souligne la proximité
des mentalités, parfois très grande, entre païens et chrétiens.
Pour finir, des exemples saisissants d'intégration dans les
fêtes chrétiennes de rituels, d'objets et de fêtes polythéistes
montrent comment une part d'héritage s'est transmise.
La solidité de l'information jointe à l'agrément d'un style
toujours clair et vivant, manifestant à la fois empathie et distance
teintée à l'occasion d'une ironie discrète, fait que ce
livre garde tout son intérêt. De plus, cette réédition bénéficie
en guise de postface d'un chapitre de «prolongements et discussions»
qui aidera à la situer dans le courant de la foisonnante
recherche contemporaine sur ces sujets restés brûlants,
à l'heure du renouveau et trop souvent du durcissement des
positions religieuses. Ce livre qui décrit la montée d'une intolérance
portée parfois, de tous côtés, par les meilleurs esprits,
est aussi un appel à la compréhension et à la tolérance,
aujourd'hui, et un défi aux orthodoxies despotiques.