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À 42 ans, en avril 1847, George Sand commence Histoire de ma vie
dont la rédaction prendra huit ans. Somme méconnue, cet incontestable
chef-d'oeuvre raconte comment Aurore Dupin est devenue écrivain sous
le nom de George Sand. Mais il se présente aussi comme une quête
des origines d'une modernité exceptionnelle. Sand rappelle qu'elle est
arrière-petite-fille du maréchal de Saxe par son père et fille du peuple
par sa mère. Avec une rare lucidité, elle analyse le «devenir soi» d'un
caractère, rappelle sa petite enfance à Nohant, les conflits familiaux
qui la déchirent, les tensions qui hantent une famille brisée par la
mort du père, la grande mélancolie qui s'ensuit jusqu'à sa tentative
de suicide à 17 ans. Si elle évoque admirablement le passé, Sand sait
aussi dire le présent et l'avenir : elle expose ses vues sur le devenir
de la société, le rôle de la religion, la condition des femmes. Histoire
de ma vie reste un modèle de vivacité et de courage, de franchise et
de détermination. George Sand fonde un genre : l'autobiographie au
féminin.
«Être artiste ! oui, je l'avais voulu, non seulement pour sortir de la
geôle matérielle où la propriété, grande ou petite, nous enferme
dans un cercle d'odieuses petites préoccupations ; pour m'isoler du
contrôle de l'opinion en ce qu'elle a d'étroit, de bête, d'égoïste, de
lâche, de provincial ; pour vivre en dehors des préjugés du monde,
en ce qu'ils ont de faux, de suranné, d'orgueilleux, de cruel, d'impie
et de stupide ; mais encore, et avant tout, pour me réconcilier avec
moi-même...»