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Le siècle qui vient de s'achever fut celui de la redécouverte
de l'art de Piero della Francesca (v. 1416-1492),
l'un des plus grands peintres du milieu du
Quattrocento, à qui l'on doit la première tentative
d'appliquer la perspective géométrique à la peinture.
Les deux principes fondamentaux qu'il intègre dans
la construction de ses compositions - maîtrise des
règles de la perspective et capacité de capturer l'insaisissable
et très changeante «lumière» à l'instant où
celle-ci se pose sur les choses - ont modifié l'évolution
de la représentation picturale. Il observe la nature
avec un oeil précis sans vouloir se faire pour autant le
chroniqueur de la réalité quotidienne car sa démarche,
haute et ambitieuse, consiste à représenter la «norme
immuable», à donner corps au concept de beauté
éternelle et intemporelle.
À la fin de sa vie, il théorisa ses réflexions et rédigea
plusieurs traités, dont l'un est consacré à la perspective
et s'adresse aux peintres, tandis qu'un autre, plus
complexe, analyse les règles de cette science.
Piero della Francesca eut une influence considérable,
tant sur ses contemporains (Signorelli, Pérugin) que
plus largement sur les générations qui lui ont succédé
(Raphaël, Antonello de Messine ou encore Giovanni
Bellini), agissant comme le véritable «révélateur»
d'une nouvelle vision qui exalte la géométrie des
volumes et leur claire articulation dans l'espace.
Ainsi, mieux que personne à son époque, et en appliquant
à son oeuvre les règles distillées dans ses traités,
Piero della Francesca ne cessa de considérer que la
peinture était le fruit, presque pratique, de l'étude et
de la réflexion conceptuelle.