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Comment le judaïsme est-il déchiffré dans la philosophie allemande, de l'Aufklärung à la moitié du XIXe siècle, soit de la veille de la Révolution française au lendemain de la révolution de 1848 ? L'examen précis et exhaustif du corpus textuel que contient le présent ouvrage permet d'en dessiner l'image. Pour la pensée allemande ancrée dans l'idée de progrès et dans la tradition rationaliste, le judaïsme, quand la qualité même de religion ne lui est pas refusée, apparaît comme un stade inférieur de l'évolution du genre humain, sa pérennité constituant un défi à la raison et à la loi de l'histoire. Retranché du devenir et amputé de sa dimension universelle, il est requis de disparaître pour qu'advienne la rédemption de l'humanité.
La présente enquête, qui suit pas à pas la thématique de ce corpus, dégage le discours de l'antijudaïsme dit «savant» comme partie intégrante de la philosophie de l'histoire et de la religion, qui peut être lu comme une étape transitoire de l'antijudaïsme chrétien à l'antisémitisme moderne.
L'enjeu philosophique, au-delà de sa contribution à l'histoire des idées, pourrait en être une généalogie du rapport entre judaïsme et philosophie moderne. D'une part, cela éclaire les fondements du malentendu radical accrédité à partir de ce moment entre modernité rationaliste et judaïsme. D'autre part, cela permet de situer d'où la philosophie juive contemporaine, de Rosenzweig à Lévinas, aura à reprendre la question - soit la place du judaïsme dans la condition philosophique contemporaine.
