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Trente ans, c'est l'âge de Voiles et Voiliers, créé sur un coin de table par une bande de copains et progressant jusqu'à devenir le premier magazine de voile en France. Au cours de cette longue période la voile a changé complètement de visage : les petits yachts de croisière côtière, souvent encore en bois ou en contreplaqué, sont devenus plus grands, plus sûrs, plus performants, plus logeables et plus confortables ; les constructeurs français de bateaux de série se sont hissés à la première place mondiale. La course en haute mer s'est radicalisée, devenant plus rationnelle et scientifique, les arrivées jugées en secondes et non plus en heures ou en minutes. Les multicoques, fragiles assemblages de contreplaqué aux formes bizarres, ont évolué en luxueux yachts de croisière, élégants, rapides et sûrs, en compétition ils atteignent des sommets de conception, de construction et de performances, ils alignent de fantastiques records et ils distancent les vedettes de reportage, obligeant les photographes à emprunter l'hélicoptère.
Pour évoquer ces aventures parallèles, Alain Gliksman n'a eu qu'à puiser dans ses souvenirs. Il a couru comme skipper pratiquement toutes les grandes épreuves océaniques, au cours d'une vingtaine de traversées de l'Atlantique nord et sud, de deux du Pacifique, d'un tour du monde. Quand il ne courait pas il était reporter, accumulant les voyages en Australie, au Japon, à Hong Kong, en Afrique du Sud, en Californie, au Brésil, à Tahiti. Les plus grands champions, les architectes célèbres, les constructeurs petits et grands, les équipiers lui ont confié leurs espoirs, leurs problèmes, leurs joies et leurs peines.
