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Le commentaire de cartes, la coupe topographique, l'excursion ou l'expertise régionale : autant de pratiques actuelles de la géographie héritées d'une période fondatrice où s'inventèrent les «gestes du métier», peu à peu codifiés. Scrutant les premières mœurs des géographes français, cet ouvrage apporte des éclairages inédits sur des savoir-faire qui font toujours figure de modèles canoniques. Chacune de ces pratiques savantes et techniques a ses lieux d'exercice, ce qui autorise une véritable «histoire géographique», selon la méthode de l'analyse spatiale, désormais très prisée en histoire des sciences.
On observe donc la création des premiers instituts et laboratoires dont on découvre toute la diversité et la sensibilité au thème très contemporain du développement régional : se révèlent ainsi de multiples formes de rapports entre les universitaires et les milieux économiques, cet engagement dans les problèmes de la Cité annonçant la figure de l'expert-géographe et la géographie appliquée, alors qu'on a souvent représenté la géographie débutante comme une sorte de bastion coupé de la demande sociale. On suit aussi le géographe dans ses sorties collectives en analysant les origines de la tradition de l'excursion géographique, exercice à valeur initiatique qui permet une «géographie de plein vent». On l'accompagne encore sur son terrain de recherche aux allures de «chasse gardée» comme dans ses voyages à l'étranger, ce qui permet de réévaluer la place du modèle allemand dans l'organisation académique de la discipline.
De cette période inaugurale émerge la personne d'Emmanuel de Martonne qui joua un rôle de premier ordre aussi bien sur le plan institutionnel que scientifique, comme défricheur de la géographie physique et initiateur de nouveaux modes de représentation textuelle et iconographique : on jette ainsi un... regard neuf sur une science du visuel où s'affirme alors la puissance de l'image, de la carte et de la photographie.
