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«Il suffit d'écouter les femmes», plaidait Simone Veil pour
défendre son projet de loi. C'était en novembre 1974, devant un
parlement déchaîné contre l'idée de légaliser l'avortement ; c'était
il y a 30 ans. De quelles femmes la ministre parlait-elle alors ?
Des 800 000 femmes environ qui avortaient clandestinement
chaque année ; de toutes celles qui avaient subi la plus grande
solitude, la souffrance physique, l'anonymat et l'opprobre
de toute une société. Simone Veil parlait pour toutes
ces femmes qui, dans l'immense majorité, se taisaient.
Il suffit d'écouter les femmes... encore faut-il qu'elles parlent.
Par devoir de mémoire, Xavière Gauthier est allée à leur
rencontre et les a écoutées raconter les années noires de l'avortement
clandestin. Elle a recueilli ces témoignages avant que les
souvenirs s'émoussent, avant que cette histoire se perde : pour
sortir du silence les femmes qui ont payé cher leur refus d'une
maternité esclave ; pour que les jeunes générations mesurent la
valeur de la légalisation de l'avortement, comprennent qu'il y a
eu un avant et un après la loi Veil ; pour que l'on n'oublie pas
que, chaque jour, dans certains pays du monde, des femmes souffrent
et meurent encore d'avortements clandestins.