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Bien plus que la France, au moins autant
que l'Allemagne, l'Italie est le prototype du
pays «brutalisé» par la guerre de 1914-1918,
même si la violence y est très présente
auparavant. La violence des expéditions
punitives fascistes procède de celle des
commandos de choc des tranchées ; pourtant,
une fois installée, la dictature est plus
répressive que sanglante et paraît vouloir
reproduire l'ordre des casernes plutôt que
la violence des combats. La conquête de
l'Éthiopie, résultat des rodomontades musoliniennes,
pourrait éloigner d'Europe les
périls mais en bouleverse les équilibres, et
fait le lit du racisme colonial et de l'antisémitisme.
Elle est par ailleurs un point de
départ de la radicalisation du régime et sans
doute de la deuxième guerre mondiale.
Celle-ci, pas vraiment préparée par un
régime pourtant peu avare de discours
guerriers, entraîne un effondrement total, la
répudiation du nationalisme pour quelques
décennies, voire une «mort de la nation»,
là où le souvenir de la Résistance renforce
le nationalisme en France.
Les recherches et synthèses multipliées dans
la dernière décennie permettent de présenter
aux lecteurs francophones les évolutions
et les contradictions qui font de l'Italie un
modèle et un cas particulier, face aux traumatismes
du premier XXe siècle, entre
recompositions sociales et conséquences
sur les mentalités, discours bellicistes et
pratiques fort différentes, culture de guerre
et rejet de la violence.