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Au moment où paraît cet ouvrage éclatent un peu partout - en
Autriche, en Allemagne, en France et même en Suisse - des mouvements
de protestation, parfois violents, contre ce qui est décrié par
les manifestants et sans doute une bonne partie de l'opinion
publique comme une «remise en cause des retraites» et un «démontage
de l'Etat social». Le lecteur aura sans doute compris que les
nuages qui s'accumulent sur les différents systèmes de prévoyance
ne sont pas la conséquence des décisions politiques prises aujourd'hui
par des gouvernements maladroits ou mal intentionnés, mais
bien plutôt celle d'évolutions démographiques qui étaient prévisibles,
mais dont on n'a pas voulu tenir compte quand il était encore
temps, et contre lesquelles il n'est désormais plus possible d'agir
dans l'instant.
A long terme, une plus forte natalité, une plus grande ouverture
à l'immigration, un accès facilité des femmes au marché du travail,
une meilleure reconnaissance de la contribution des «seniors» à la
prospérité générale, permettront sans doute de restaurer au moins
partiellement des équilibres rompus.
Mais dans l'immédiat, il est devenu inévitable de recourir aux
mesures, si impopulaires soient-elles, qu'envisagent les gouvernements
: élever l'âge de la retraite, augmenter les taux de cotisation, et
peut-être bloquer les rentes de vieillesse à leur niveau actuel.
Reconnaître le caractère inéluctable de telles réformes ne signifie
pas faire preuve d'un conservatisme borné, mais tout simplement de
lucidité.
