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Au Moyen Âge comme aujourd'hui, le bonheur du lecteur participe
 de la complicité qui se noue lorsque se met en place une
 stratégie de la reconnaissance. C'est parfois une allusion à telle
 ou telle oeuvre connue, parfois la citation, l'incrustation fugitive ;
 parfois enfin la reprise et le détournement de formes bien
 connues : si l'organisation structurelle d'une oeuvre a été étudiée
 pour elle-même, il ne faut pas oublier qu'elle est aussi issue d'une
 tradition esthétique proprement médiévale, d'un clin d'oeil intertextuel
 ; et cela bien avant que l'anachronique notion de genre ne
 fossilise ces traditions.
Les études rassemblées ici explorent ces phénomènes de perméabilité,
 du XIIe au XVIe siècle, dans le domaine didactique,
 romanesque et lyrique. Ce qui est en jeu, c'est bien cette souplesse
 de structures narratives endossant des projets de nature
 différente, et leur donnant, par contiguïté, des colorations nouvelles.
 Chaque texte, alors qu'il se découvre, se construit dans le
 regard qu'il porte sur les textes antérieurs, joue sur les mémoires
 et les différences, dans un narcissisme qui vise à créer l'autonomie
 d'une oeuvre.
Ainsi, l'importation de formes, l'incrustation et le jeu de l'allusion
 structurelle constituent quelques-uns des linéaments qui
 contribuent à organiser le texte médiéval ; ce qui semblait fortuit,
 ou délimité à quelques domaines, apparaît au contraire stable et
 pérenne ; nous découvrons tous les enjeux d'un bricolage et d'un
 recyclage, non seulement des objets, mais des procédés rhétoriques,
 et même des sous-entendus : derrière les paroles du texte,
 sachons discerner celles qui le structurent, l'inflexion des voix
 qui se sont tues.