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Cette thèse de doctorat, présentée à l'Université du Connecticut,
retrace l'évolution de la représentation de la grisette - une classe
particulière de femmes couturières et coquettes - dans la littérature
française et son impact, à l'exportation, sur la représentation
de la femme parisienne dans la littérature anglophone. La grisette
est représentée comme un personnage secondaire, romantique et
souvent tragique chez la plupart des écrivains de la première partie
du dix-neuvième siècle. Elle est un des ingrédients qui participent
à la prétendue vérisimilitude des Tableaux de moeurs du
dix-neuvième siècle. La jeune femme aux moeurs libres, mélancolique
et romantique par excellence, choisit qui elle va aimer et
démontre généralement cet amour par un sacrifice ultime pour
son amant. La grisette représente les nouvelles valeurs républicaines
héritées de la Révolution française. De la Lisette de
Béranger à la Bernerette et la Mimi Pinson de Musset, à la
Rigolette de Sue, à la Mimi de Murger, à la Nichette de Dumas
Fils, à la Fantine d'Hugo, la grisette connaît diverses représentations
paradoxales, mais un scénario standardisé qui emprunte à
celui de la courtisane. Elle emblématise une modernité en lutte
contre le mariage arrangé et contre la montée d'une bourgeoisie
qui établit une nouvelle économie de marché autour des femmes.
Avec son compagnon étudiant, puis bohème du Quartier Latin, la
grisette permet de suivre les grands changements sociologiques
qui président à la modernité. Cette étude ouvre de nouvelles
pistes de réflexion sur des ouvrages importants comme : La Dame
aux Camélias de Dumas Fils, Les Misérables de Victor Hugo et
Villette de Charlotte Brontë.