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Parce que mille maux nous menacent, parce que sont
avérées tant notre finitude que la faiblesse de nos
moyens, on pourrait (on devrait ?) être tenté d'abandonner
la partie - la vie, ce jeu pipé dans lequel nos
chances sont ridicules.
Pourtant, la plupart d'entre nous supportent ce
que Cioran appelait "l'inconvénient d'être né" et
relèvent le défi. Cette incroyable partie, l'humanité la
joue. Et, parmi les moyens qu'il a su inventer pour
panser les blessures que le réel prodigue avec une
intarissable libéralité, l'humain en a créé qui sont des
stratégies particulières - des jeux.
S'ils s'exceptent de toute sphère productive, les
jeux ici décrits n'en sont pas moins sérieux, dès lors
qu'on les réfère à leur enjeu, colossal : comme à la
roulette, à la corrida ou à la course automobile, c'est
lui-même que le joueur lance, au risque de se perdre
ou de se sauver. Ces jeux nous engagent, quoique
nous ignorions à l'avance - et parce que nous l'ignorons
- l'issue de la partie.
On trouvera ici de grands et réputés "joueurs", qui
ont nom Descartes, Spinoza, Nietzsche, Anne Frank
ou Casanova, mais aussi des joueurs plus secrets - et
non moins exemplaires - en qui le lecteur pourra se
reconnaître. Car l'une des vertus de ce roboratif
"manuel d'imagination libre" est bien d'inviter chacun
à se découvrir philosophe et à exploiter les ressources
du ludique afin d'apaiser les souffrances de
la vie, merveilleuse et infinie blessure.