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«Comment les choses se passeraient-elles si nous voulions reconstruire
l'univers de l'enfance et son imaginaire qui associe si bien et si
profondément l'angélique et le démoniaque ? Sans aucun doute, nous
nous retrouverions dans un territoire de légende. Mais il y aurait bien
des zones troubles et ambiguës, et ayant parfois le goût amer de
l'inachèvement. Il y a, dans les jeux de cet âge, le sens du danger et
aussi celui du suspens. Louis Lerne, en écrivant Horn, a souhaité
nous entraîner dans le microcosme de son héros, quelque part aux
Indes, dans la région de Bangalore, pour produire une fable au sein
d'un monde déjà fabuleux. Nous avons sous les yeux la carte de son
aire du je, où l'on découvre l'allée des papayers, la demeure de ses
grands-parents, dont la géographie est entièrement fantasmatique : il
y a le bureau des longitudes, la chambre rouge, le corridor du théâtre,
l'escalier secret, etc. Et, au-delà du kiosque, voici le cap Horn, ses
cavernes, son phare du Nouvel An, l'île des États et le paisible détroit
de Le Maire. Nous sommes contraints d'adopter les règles édictées
par le petit garçon pour faire corps avec la fiction.»
Gérard-Georges Lemaire, La République des Lettres.
