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Que se passe-t-il lorsque nous contemplons le tableau de Botticelli qui
orne la couverture de ce livre ? Sommes-nous capables de nous laisser
séduire par la simple, et sidérante, beauté de cette Vénus anadyomène ?
ou bien songeons-nous encore à la «terrible émasculation d'Uranus»
qui préside à sa naissance ? Tel serait, selon Hans Blumenberg, l'un des
enjeux du processus d'esthétisation à l'oeuvre dans le «travail du
mythe» : oublier l'arrière-plan de terreur caché sous les représentations
iconographiques et les textes littéraires qui, entre variation et répétition,
participent du «plaisir du jeu».
Mais qu'est-ce que le mythe ? À l'aune des formules récemment
employées par certains critiques («forme introuvable», «catégorie
poubelle», «concept impossible», «artefact savant»...), on serait
tenté de rayer à tout jamais ce mot de notre vocabulaire. On aurait
tort. En apparence malmené, le concept incriminé est réévalué. Il ne
s'agit pas d'«en finir avec le mythe», mais de débarrasser les mythes
grecs, romains et bibliques de la gangue de préjugés qui les enserrent
pour mieux en restaurer l'éclat. C'est à ce travail que se sont attelés -
et auquel continuent d'oeuvrer - les comparatistes et spécialistes de
l'Antiquité dont les contributions sont rassemblées dans ce volume.
Tous débusquent les pièges que recèle l'idée d'une «essence» du mythe
pour élaborer une mythocritique pleinement attentive aux oeuvres.