Ulteriori informazioni
Pourquoi au cinéma la neige possède-t-elle ce curieux pouvoir de rester en
mémoire jusqu'à se substituer parfois au souvenir du film lui-même ? C'est
en partant de cet étonnement que l'ouvrage tente d'explorer quelques
apparitions de la neige filmée, élément privilégié d'une météorologie du
septième art qui n'est pas exactement superposable à celle du monde empirique.
À partir d'une vingtaine d'exemples pris dans des oeuvres variées,
de Murnau à Hou Hsiao-hsien, de Borzage à Fellini, de Renoir à Resnais, il
s'agit de déployer les aspects principaux du motif retenu qui constitue une
modalité du paysage filmique autant qu'un facteur de perturbation interne
au plan. En raison de sa blancheur et de son pouvoir réfléchissant, la neige
permet un traitement singulier de la lumière et de la couleur. Qu'elle couvre
ou traverse la surface de l'image, elle peut participer en outre à un effet-écran.
Et si elle tombe à gros flocons, la neige exalte une mobilité qui renvoie
directement au principe du cinéma, en tendant parfois vers l'informe
et la dissolution des figures. De la sorte, on constate qu'elle constitue une
dimension majeure de la matière même de l'image cinématographique,
conduisant à évoquer le lien entre neige et fiction. La neige de cinéma
paraît difficilement saisissable car elle renvoie en miroir à la temporalité des
images mobiles.