Ulteriori informazioni
Au XIXe siècle, la participation des artistes orientaux aux Salons européens
a provoqué des interrogations sur le sens d'un terme comme «art» utilisé par
les Occidentaux. Dans cette perspective, les Japonais - les premiers, à notre avis
- ont tenté une adaptation et traduit littéralement par «beaux arts», en créant
ainsi une nouvelle nomenclature que les langues asiatiques allaient naturellement
intégrer dans leurs catégories classificatoires.
Ce volume entend, en quelque sorte, inverser le débat pour essayer d'interroger
la question de l'art en Asie. L'analyse des premiers traités d'esthétiques chinois et
japonais, comme les traités indiens, religieux ou traditionnels, du Rigveda ou du
Kamasutra, permet d'identifier quelques clés théoriques et pratiques. En outre,
une série de questions permet de repérer des permanences dans la perception de
l'oeuvre d'art en Asie, dans les conditions de sa réalisation sur les feuilles de soie
ou de papier soigneusement enroulées et préservées à l'abri des regards, dans sa
destination et, au fil du temps, dans l'idée de collection et de commercialisation. De
l'apprentissage par la copie des maîtres à l'état d'extase due à l'ivresse bachique, se
dessine progressivement la figure de l'artiste qui peut être un peintre de commande
ou un artisan de l'expression de la foi.
Enfin, en ces temps dits de mondialisation, dévoiler les résonances entre les
productions contemporaines, qu'elles soient orientales et occidentales, est un exercice
délicat auquel ce volume se risque avec des peintres vietnamiens, birmans, coréens,
mongols et, bien sûr, de Chine et du Japon afin de souligner les interférences et
les correspondances avec des artistes tels que Mark Tobey, André Masson et Henri
Michaux.
Peu d'ouvrages ont abordé l'art asiatique avec ce souci d'en identifier
l'enracinement profond et, en même temps, d'analyser des exemples concrets de ses
manifestations.