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On nous parle d'une pratique particulière à la marine anglaise.
Tous les cordages de la marine royale, du plus gros au plus mince, sont tressés de telle sorte qu'un fil rouge va d'un bout à l'autre et qu'on ne peut le détacher sans tout défaire ; ce qui permet de reconnaître, même aux moindres fragments, qu'ils appartiennent à la couronne.
Goethe
Les Affinités électives.
De tout temps, les relations entre corps et esprit ont été l'objet d'une fascination. Les hypothèses avancées, les réponses imaginées ont régulièrement reflété des positions philosophiques. Tour à tour l'accent était posé sur la notion d'une séparation entre corps et esprit ou sur celle d'une articulation entre ces deux ordres. On découvrait là l'expression d'un débat général entre matérialistes et spiritualistes.
Pour saisir les enjeux de ce qu'on nomme aujourd'hui la médecine psychosomatique, il fallait procéder à un examen historico-critique de cette longue aventure. C'est ce à quoi nous invite magistralement l'auteur. Il le fait sur un mode qui permet d'aborder avec rigueur le tournant effectué lors du XXe siècle, quand la « chose psychosomatique » commence d'être étudiée de façon scientifique.
Il n'est pas exagéré de dire que cette sorte de révolution n'a pu se faire qu'en référence avec la psychanalyse freudienne. Freud, on le découvre, peut être tenu pour le premier véritable psychosomaticien. Les travaux initiaux, qui sont ceux d'auteurs allemands et anglo-saxons, procèdent largement de cet héritage. Une présentation très précise de ces recherches était indispensable à la compréhension de la véritable crise ouverte, en France, par les psychanalystes fondateurs de ce qu'on a nommé l'École psychosomatique de Paris et à laquelle sont consacrés les plus longs développements. Y occupe une place centrale la notion de mentalisation conjointement à celle de « causalité circulaire et intégrée, réunissant ainsi les deux plans d'expression du psychique et du somatique ».
Michel de M'Uzan
