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CiletteOfaire, de son vrai nom CécileHouriet, romancière née à Couvet de bonne souche neuchâteloise, a mené toute sa vie contre son petit pays, qualifié de "fichu pays". Contre sa famille aussi et ses concitoyens, contre leur goût du travail régulier, de l'aisance et d'une sage économie. Si elle a vécu sur la mer et au bord de la mer, si, par canaux et rivières, elle a parcouru toute l'Europe, si, navigatrice intrépide, elle a piloté son yacht sur l'Atlantique et la Méditerranée et fait le tour de l'Espagne durant la guerre civile, où son blanc navire fut bombardé par les fascistes, c'est par réaction contre l'horizon borné de sa vallée jurassienne. Si elle s'est, par la suite, installée à Sanary, dans le cabanon où elle accueillit Ilo, l'ancien légionnaire, le mystérieux compagnon qui, durant quinze ans, l'asservit et la grugea, c'est encore par opposition à son honnête milieu natal. à Sanary, elle est décédée, le 11novembre1964, entourée d'étrangers devenus ses amis. Ses meilleurs ouvrages, récits autobiographiques, sont nés comme par hasard, avec une spontanéité, une fraîcheur, une sûreté d'expression qu'entre autres admirateurs, RogerMartin duGard a hautement louées. L'Ismée, publié chez Stock, repris par la Guilde du Livre à Lausanne, traduit en six langues, atteignit un tirage de 150000exemplaires. Le talent mérite hommage; l'Institut neuchâtelois lui consacre donc l'un de ses Cahiers.
