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Charles L'Eplattenier, Le Corbusier, René Chapallaz : la troisième de ces figures chaux-de- fonnières, un architecte indépendant actif entre le Jura bernois et le canton de Neuchâtel, est longtemps resté dans l'ombre. Collaborateur de L'Eplattenier à la réalisation du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, traducteur architectural de sa conception régionale de l'Art Nouveau, il l'assiste informellement au Cours supérieur de l'École d'art où il initie des étudiants - dont Charles-Édouard Jeanneret-Gris, futur Le Corbusier - à l'architecture.
C'est toutefois dans un contexte de démocratisation de la photographie (1890-1914), à l'aune de l'histoire des représentations en architecture, que cet ouvrage présente un architecte singulier, spécialisé dans les enjeux constructifs phares de son époque, l'habitat, les constructions industrielles et le béton armé. Photographe amateur maîtrisant parfaitement la technique, il emploie d'abord le médium pour se constituer un répertoire personnel de modèles architecturaux et documenter son oeuvre exempte de vicissitudes. En construisant l'image de son architecture, il saura la valoriser et l'affilier, s'inscrivant dans un mouvement local et international de réflexion sur l'habitat (Domestic Revival) ou sur l'architecture des usines. À terme, le médium lui permettra de démontrer son savoir- faire tant à sa clientèle qu'à ses confrères par des publications, et de s'affirmer comme un architecte-artiste dépositaire d'un système de béton armé efficient.
Si ce livre révèle l'oeuvre de Chapallaz, il met surtout en lumière les modifications cruciales qui s'opèrent au tournant du XXe siècle dans le lien des architectes aux images, par ce cas relativement inédit d'un architecte qui intègre la photographie à ses outils professionnels entre 1897 et 1926.
