Ulteriori informazioni
L'histoire universelle, avec toutes ses catastrophes, a un sens. Le
passage d'une époque à une autre marque un progrès vers la
justice. Et le monde actuel, qui est celui de la fin de l'histoire, est,
malgré ses aspects horrifiants, le seul monde juste humainement
réalisable. Monde juste dans lequel aura été ouverte à chacun la
possibilité de devenir individu. Non pas l'individu individualiste
de l'ordinaire narcissisme. Mais l'individu véritable, celui qui s'est
affronté à la finitude constitutivement humaine et qui, à partir de là
seulement, accède à sa puissance créatrice.
Les cinq époques de l'histoire ici présentées (antique, médiévale, moderne,
contemporaine, actuelle) le sont en exacte correspondance les
unes avec les autres. Chacune est ouverte par une affirmation nouvelle
(de l'idée, du péché, du doute, de l'existence, de l'inconscient).
Chacune produit un savoir philosophique nouveau. Chacune suppose
l'appropriation d'un nouvel aspect de la vérité. Chacune se fixe
dans une institution nouvelle. Chacune offre des droits nouveaux. À
chaque fois néanmoins on se heurte au refus foncier que les hommes
opposent à tout progrès de la justice - c'est l'inéliminable pulsion de
mort. Ce n'est qu'à l'époque actuelle, et pour autant que la pulsion
de mort, inassumable en dernier ressort (d'où le terrorisme), aura été
socialement assumée (ce serait par l'institution - question brûlante
aujourd'hui - du capitalisme), que sera fixée la place centrale de l'individu.
Place de l'individu qu'il s'agit pour la philosophie de montrer
présente, au moins implicitement, dans toutes les grandes civilisations.
Car notre temps, celui de la mondialisation, est celui non du conflit,
mais du dialogue des civilisations.