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Des années durant, Xavier Girard a tenu un carnet de voyage. Son trajet toujours identique et des plus banals a donné forme à une suite de notations itinérantes. Une petite philosophie à l'usage des voyageurs du quotidien s'y découvre, enchantée et cocasse comme l'aventure.
« [...] on arrête de lire mais on garde le livre à la main, on ferme les yeux, on ne dort pas, on ferme les yeux, on a le temps, on ne dormira pas vraiment, il y a trop de soufflements, trop de sifflements, trop de ricanements bizarres, les oreilles bourdonnent, le bruit est partout, on jurerait qu'il fait nuit, un grincement dans l'angle de la fenêtre rougeoie faiblement, le porte-bagages vibre, c'est un piaulis, un crissement de neige, un brûlement à peine assourdi, le réveil a sonné à six heures, la porte du couloir n'arrête pas de s'ouvrir en expirant, il y a des voix qui roulent, un enfant tape sur un jouet en plastique, on entend des conversations murmurées, des gargouillis, des frôlements, le paysage est ailleurs, loin, dans un silence lissé et coulissant, il glisse en sens inverse, de l'autre côté des algues, on le connaît « [...] » X.G.
