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«A l'intérieur de ma tête ça tourne à vide. Une poulie ou je
sais quoi, des mots et des choses que j'essaie d'effacer.
Mais tu lis dans ma tête et je lis dans la tienne, ma fille,
quand on se parle comme aujourd'hui. Avec notre langage
à nous, le langage de nos doigts qui se rencontrent et qui
s'étreignent sous la tablette où sont posés mon étui à
lunettes, mon goûter chocolat pain d'épice et le programme
télé que je feuillette même pas.
On s'absente des autres si les autres sont là, on les entend
plus on est comme seules toi et moi. Nos doigts se disent
tellement de choses ! Et nos yeux aussi. Plus que dans toute
notre vie ensemble et après. C'est vrai que je cause pas,
que tu causes pas, c'est vrai que je fais que te regarder et
que tu fais que me regarder. C'est vrai que nous plongeons
dans les pensées de l'autre très loin si loin comme jamais
nous n'avons plongé. C'est vrai que tu lis en moi et que je
lis en toi. Tout est devenu simple on dirait. Si simple que
les mots ne servent à rien et qu'on se rejoint comme quand
je te portais dans mon ventre (...) Tes doigts me rassurent
ils sont aimants. J'ai toute ta main dans la mienne sur mes
genoux maintenant...»
Dire le vieillissement de la mère est difficile. L'urgence de
l'écriture s'est imposée sur plusieurs saisons, pudique,
entre tâtonnements, tendresse et silences.