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L'obsession de Flaubert, les virulences de Rimbaud, de
Léon Bloy, de Dada dénonçant la bêtise bourgeoise font partie
de l'histoire littéraire et de celle des mentalités. Mais la
connerie ? Le sujet reste bizarrement sous-exploité. Par une
sorte de fausse pudeur, on le cantonne dans les départements
périphériques et bas de l'esprit. Réfléchir sur la connerie, peut-être,
mais à condition de mettre des gants et de s'essuyer les
pieds en sortant.
Pourtant la connerie est un sujet profond, multiforme et
universel, indissociable de la condition tragique et dérisoire
de l'espèce humaine. Il ne relève qu'accessoirement de la plaisanterie
et de la polémique, que ce petit essai, du reste, ne
cherche pas à éviter. Il y a ce qu'il faut de rire et de mauvaise
foi dans ces pages pour dérouter les tâcherons du discours en
trois points. Car, à l'encontre de ce qui est généralement
admis, l'auteur soutient que la Raison n'est pas l'ennemie
jurée de la connerie, qu'il existe entre elles une connivence,
que la Raison est conne, au moins dans un certain usage
grossier de ses pouvoirs. Contrairement à la bêtise, cette
marche loupée de l'intelligence, la connerie déborde de notre
pouvoir de lucidité. Monsieur Teste pouvait prétendre : la
bêtise n'est pas mon fort ; il n'aurait pas pu en dire autant de
la connerie.