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Revenant au pays comme chaque année pour visiter
sa mère, Nimrod emprunte aux premières lueurs
de l'aube les ruelles ocre de son quartier d'antan.
Par-delà les années la vieille dame n'a pas bougé,
et pour son fils exilé, voyageur lettré de passage en
ce monde dont elle préserve l'intemporelle réalité,
un sentiment soudain se précise : "C'est ma mère
qui invente ce pays. Comme j'ai mis longtemps
pour formuler cette idée. Elle est si simple pourtant.
Dépouillé depuis toujours de la moindre de mes
richesses, surtout lorsque j'ai eu dix-neuf ans - qui
est l'âge de la guerre civile -, le pays ne cesse de me
piller. Ma mère incarne ce dénuement. Aux poètes
tchadiens - présents et à venir - je dédie cette parcelle
de nudité que même la fraîcheur matinale dédaigne
désormais. Il faut beaucoup d'imagination
pour lui trouver un attribut maternel. C'est mon rôle
à moi qui suis poète. Ma mère invente le Tchad."
A partir de ce subtil hommage, Nimrod déploie,
dans une succession de tableaux, des récits dans
lesquels il réenchante les bonheurs passés, évoque
les rares moments de partage avec son père, grand
absent de sa vie, et revient aux origines de son tempérament
contemplatif, comme si dans l'enfance il
percevait déjà l'inévitable départ et dès lors s'efforçait
de préserver en lui un refuge aux dimensions
de l'univers : la poésie est fille de mémoire.