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De toutes les formes de vie sur Terre c'est sans conteste la vie
humaine qui est la plus douloureuse, la plus misérable. L'homme paie
au prix fort son privilège de la conscience. Toute grandeur a ses
dépendances, toute exception ses misères. De cette analyse de
l'impossibilité de la satisfaction il ressort qu'à la limite tout
contentement serait interdit à l'homme comme si les aliments, une
fois en bouche, perdaient leurs saveurs, devenaient insipides. Ce jeu
sempiternel entre souffrance et ennui, sans réelle alternative pour
celui qui éprouve seulement la règle des apparences, en vaut-il la
chandelle ?
Avec son analyse Schopenhauer retrouve l'enseignement du
Bouddha, dans son «Sermon de Bénarès» :
. Toute vie est souffrance.
. L'origine de la vie et de la souffrance est le désir.
. L'abolition du désir entraîne l'abolition de la souffrance.
Dès lors, de deux choses l'une : soit nous continuons instant
après instant à nourrir les supplices rémanents issus du désir soit nous
choisissons de tirer notre révérence au monde ordinaire. Devrions-nous
comprendre trop rapidement que Schopenhauer nous encourage
à ne plus vivre, à nous suicider puisque la vie n'est que souffrance et
la mort insignifiante ? Ou bien ne s'agirait-il pas d'une invitation à
trouver le trésor caché par cette existence ?
C'est à partir de la question de la mort (ce qu'elle est, ce
qu'elle représente à nos yeux) que nous découvrirons que
Schopenhauer tente de formuler une sotériologie, un art de vivre
proposant un salut (inspiré, pour la première fois dans l'histoire de la
philosophie, de la religion bouddhique), une eschatologie susceptible
de faire le pendant à ce que la raison permet de constater : la nature
désespérément tragique du réel immédiat. Schopenhauer est un
pessimiste de conviction et de raison, c'est pourquoi il est un
optimisme d'aspiration et de volonté, si l'on peut utiliser un mot tout
autant explosif que maudit sous sa plume.