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Pourquoi le passé exerce-t-il sur nous cette influence qui nous invite à suivre
son exemple ?
Ce livre se penche sur le rapport particulier qu'ont certaines cultures avec
l'histoire, un rapport qui les incite à suivre la tradition plutôt qu'à rompre
avec elle. Parmi celles-ci la culture anglo-saxonne est en Occident la seule
qui revendique hautement son caractère plus que millénaire et cette longévité
assumée prend corps dans cette concrétisation spécifique de la culture
qu'est le droit.
La conception médiévale faisait du passé la source de toute légitimité dans
le monde clos de la Chrétienté. Avec la Renaissance commence un processus
d'ouverture au monde que la tradition accompagne pour perdurer dans un
élan qui ne s'est jamais arrêté. La découverte de l'Amérique et la nécessité
d'en gérer les Indiens ont suscité un ordre de controverses où la «civilisation»
s'adresse aux «nations» et aux «tribus» pour les reconnaître et pour
les subordonner selon des processus dessinés par de grands juges comme
Coke et Marshall.
À l'opposé d'une culture juridique française qui, comme on l'évoque,
semble réprouver le passé, la culture anglo-saxonne le magnifie. Elle doit
à son enracinement dans le temps son pouvoir de conquête. À l'heure où
la mondialisation met aux prises les grands systèmes juridiques de la planète,
le régime anglo-saxon de Common Law est en train d'acquérir une prépondérance
qui intrigue et inquiète les observateurs. La perspective anthropologique permet
de saisir son histoire et son «esprit» d'un seul élan, comme une introduction
à cet univers qui s'adresserait à sa dimension la plus forte, celle d'une loyauté
sans cesse renouvelée envers le passé.