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Les migrations internationales occupent une place de plus en plus
importante dans l'espace public ; pourtant, les expériences vécues par
les migrants restent traitées sur le mode de la dramatisation, voire du
misérabilisme, ou alors selon des critères sécuritaires qui relèvent de la
raison d'État ou de sentiments xénophobes. Les figures qui se dégagent
de ces représentations font des exilés soit des victimes, soit des menaces.
En revenant sur les conditions des migrations irrégulières vers et à partir
de l'Algérie, cet ouvrage vise à rendre aux exilés l'expérience de l'exil.
Soutenu par des enquêtes ethnographiques menées auprès de
migrants subsahariens et d'émigrants algériens, l'auteur cherche à
rendre compte des mobilités humaines traversant l'Algérie contemporaine.
Ces migrations se déroulent aux marges de la société algérienne :
soit elles y placent les exilés subsahariens, soit les exilés algériens en
proviennent. Ces marges donnent à voir les modalités par lesquelles se
constituent les filières migratoires - faites de routes, de carrefours et
d'impasses -, les formes d'institutionnalisation des réseaux, l'économie
informelle de ces mobilités ou encore les carrières des migrants et des
demandeurs d'asile.
Habiter, travailler, coordonner les passages, contourner les frontières,
organiser la survie, assurer la solidarité représentent les principales
tâches réalisées par les communautés étudiées. Le Maroc (Rabat, Oujda)
et surtout l'Algérie (Alger, Annaba, Oran, Maghnia, Tamanrasset) sont
le théâtre de ces migrations. C'est depuis la perspective des discours,
des récits, des anecdotes des exilés que se construit cet ouvrage. Les
traversées des migrants et des demandeurs d'asile subsahariens, croisées
avec celles des émigrants algériens, permettent de pénétrer le monde
et l'imaginaire des exilés. Loin de n'être que des «passagers clandestins»,
les exilés contribuent aux économies, aux cultures et aux sociétés
qu'ils découvrent.