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Diversité
de la démocratie
Théorie et comparatisme :
les pays de la Mélanésie
Démocratie : pouvoir du peuple. Mais de quel peuple, de quels peuples ? Tous les peuples ne sont pas
identiques, loin s'en faut. Sauraient-ils dès lors se donner le même type de pouvoir ? Le pourraient-ils ?
Le voudraient-ils ?
Les types d'organisation du pouvoir ont vocation universelle : pouvoir d'un seul, de quelques-uns, de
tous, c'est-à-dire du peuple. Le progrès s'entendant dans le respect de chacun et de tous, les hommes
ont généralement lutté pour se donner une organisation sociale où le pouvoir émane d'eux-mêmes : du
peuple, une organisation démocratique. La démocratie veut concilier le pluralisme et la cohésion
sociale.
Les États de l'Occident européen et américain évoquent leur paternité de ce qui fait la démocratie,
étant entendu que l'Antiquité grecque ou latine était déjà riche de réflexions et de pratiques relatives
au champ de la démocratie. Pourtant, il existe bien une vocation globale de la démocratie, par sa
nature et par son succès historique. La démocratie a gagné du terrain et s'est étendue à tous les
continents. Cela ne pouvait évidemment se produire qu'en procédant à des adaptations.
Peut-on vraiment adopter une typologie où la catégorie « démocratie » convient pour englober un
ensemble de régimes pourtant bien différenciés ? Est-ce là la preuve de la réussite totalisante de la
démocratie ou, au contraire, la voie de la dégradation d'une notion attrape-tout et propre à susciter des
dérives ? Pour avancer dans cette réflexion, il convient de caractériser les valeurs fondamentales
minimales sans lesquelles on ne saurait parler de démocratie. On les cherchera dans deux voies : celle
du droit, de l'État de droit, du respect de la règle, de moyens juridiques destinés à assurer l'effectivité
de la pyramide des normes à la base de laquelle s'émet la volonté du peuple ; et celle de la politique,
de l'effectivité des libertés d'expression, d'association, de la controverse politique et des garanties des
minorités, des contre-pouvoirs et de la détermination commune des politiques publiques d'intérêt
général.
Comment ces cadres fondamentaux peuvent-ils baliser des réalités différentes, par l'histoire et la
géographie, par la sociologie et les cultures ? Quelles sont les marges d'adaptation propres des
régimes ? Quand leurs caractères en viennent-ils aux confins de la démocratie et quand en sortent-ils ?
Nos analyses portent sur un ensemble de pays caractérisé par sa situation géographique aux antipodes
du berceau de la démocratie et par la diversité de ses territoires liés cependant sur les plans non
seulement géographique mais aussi ethnique et historique : la Mélanésie. Elle est composée de cinq
pays très différents, tout en étant les cinq terres mélanésiennes occupées par les peuples mélanésiens :
Fidji, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Îles Salomon et le Vanuatu. Ils
établissent chacun à sa manière l'État de droit et le pluralisme politique. Démocratiques, ils le sont
pourtant diversement.