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Pierre Louÿs a entretenu des correspondances avec de nombreuses personnalités
des lettres et des arts. Au fil des années, ces correspondances ont
commencé à voir le jour : celles publiées récemment avec Paul Valéry, André
Gide, et son beau-père José-Maria de Heredia complètent d'autres déjà
connues avec Claude Debussy, Frédéric Lachèvre, Jean de Tinan,
Curnonsky, etc. Aucune de ces correspondances, pour intéressantes qu'elles
soient, n'égale en valeur tant par son contenu que par sa régularité celle que
Pierre Louÿs entretint presque chaque jour et parfois plusieurs fois par jour
pendant plus d'un quart de siècle avec son demi-frère, Georges Louis.
Après la dispersion des papiers de Louÿs, on a longtemps cru cette correspondance
irrémédiablement perdue. Il n'en est rien. Réunie aujourd'hui après
quarante années de recherches, cette correspondance croisée nous permet de
suivre un dialogue passionnant entre un écrivain qui vivait au coeur des
cercles littéraires et artistiques de Paris et un grand fonctionnaire de l'État
qui occupa au Caire, à Paris et enfin à Saint-Pétersbourg les postes diplomatiques
les plus importants de son époque. Témoignage sur une exceptionnelle
relation affective, ces lettres nous fournissent d'intéressants commentaires
sur les amitiés littéraires et artistiques de Louÿs avec Mallarmé, Heredia,
Régnier, Gide, Valéry, Debussy, Oscar Wilde, pour ne citer qu'eux. Pour leur
part, les lettres de Georges Louis, subtilement nuancées, pleines de conseils
et d'encouragements et, le cas échéant, de critiques parfois brutales, donnent
à cet échange épistolaire une importante dimension historique et politique.
Les grands événements de la fin du XIXe siècle défilent devant nos yeux avec
de savoureux commentaires souvent très informés : le scandale de Panama, le
procès d'Oscar Wilde, l'affaire Dreyfus, Fachoda, la crise marocaine, la crise
des Balkans et la catastrophique Première Guerre mondiale.
Il s'agit en fin de compte d'un témoignage unique de deux spectateurs privilégiés
qui jettent un regard souvent amusé mais toujours éclairé sur un
monde qui n'existe plus.