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On connaissait Clemenceau député de Montmartre pendant la Commune, on connaissait Clemenceau ministre de l'Intérieur, on connaissait le Tigre. Voici Clemenceau l'Américain.
S'il est un homme politique français et européen qui a pu se prévaloir légitimement d'une connaissance incomparable des Etats-Unis, c'est bien Georges Clemenceau, qui fit deux séjours outre-Atlantique, séparés de
52 ans en 1865-1870 et 1922. Or, paradoxalement, cet aspect majeur de la vie du Tigre et des relations franco-américaines, s'il est évoqué dans les biographies, n'a jamais donné lieu, à ce jour, en France, à une publication reflétant l'ampleur et la qualité du rapport de Clemenceau à l'Amérique.
Arrivé à New York cinq mois après la fin de la guerre civile et l'assassinat de Lincoln, Clemenceau s'est saisi des États-Unis comme d'un laboratoire de la démocratie, et c'est en Amérique qu'il a forgé et mûri sa vocation d'homme d'État.
Clemenceau, qui parle en jeune républicain libéral, nous relate de façon pittoresque les campagnes électorales, les meetings carnavalesques dans lesquels il décèle pourtant, au delà des excentricités qui le heurtent, un
« acte sérieux et réfléchi », reflet de la « grandeur d'un peuple souverain ». On le sent abasourdi par la liberté de la presse «qui ne respecte absolument rien».
Y a-t-il un « modèle américain » pour le farouche opposant au second Empire qu'est Clemenceau ? Il est difficile de répondre. Mais c'est bien en Amérique qu'il a découvert la politique moderne. C'est l'aventure américaine qui a nourri son propre radicalisme d'extrême gauche, sa foi dans la suprématie du pouvoir civil et législatif, son goût pour l'initiative individuelle, son refus du collectivisme et des oligarchies financières, sa méfiance à l'égard des utopies.