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Cet après-midi, après une heure de marche et d'escalade par un chemin de
charrette qui monte derrière la maison, nous avons goûté près d'une petite chapelle
en ruine. Puis je suis redescendu avec Janmari avant que le soleil ne disparaisse.
Il est presque minuit ; Janmari pleure et remue dans son lit. À genoux, il se balance
et geint doucement. A-t-il faim ? Est-il malade ? Janmari ne dit jamais rien ; il est
profondément autiste. Il mord son pyjama et donne de grands coups de tête contre
le mur. Je lui tends la main et l'invite à me guider. Il saisit mon bras et file vers la
porte. Je le rattrape pour le couvrir de force. Impatient, il heurte violemment le mur
avec la tête. Le voilà grimpant, en trottinant sur le chemin qui monte vers le grand
rocher. Le chemin devient sentier, puis c'est un étroit passage entre les buis et les
chênes verts. Janmari file dans le noir. Je le suis comme je peux avec une lampe
de poche. C'est le trajet de cet après midi. Nous arrivons au sommet, en pleine nuit,
en plein vent glacial. En quelques bonds, Janmari est à l'endroit où nous avons
mangé les oranges cet après-midi. Preste, il remet à l'endroit les écorces d'orange
laissées retournées. Tout est en ordre ; des éclats de rire et des claquements de
mains résonnent dans la nuit. Nous redescendons vers la maison.
Ce livre se lit comme un roman, mais il ne s'agit pas d'une fiction. Ce récit
autobiographique retrace l'aventure extraordinaire d'un groupe formé dans
les Cévennes, autour de Fernand Deligny qui accueillît, avec les moyens du
bord, des autistes. La Vie de radeau raconte le parcours exemplaire d'êtres
humains, qui, contre vents et marées, tentèrent de créer un espace où il
existe une vie meilleure pour tous. Cette expérience, toujours en cours, reste
une exception dans la société actuelle qui ne tolère pas la différence.