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A considérer le nombre d'étudiants « indigènes » qui sont passés
par le système de l'enseignement secondaire et supérieur colonial, le
taux d'analphabétisme relevé pour les années 1960 (85 % de la population
algérienne), ou même la part des élèves scolarisés dans le primaire
sur celle des enfants en âge d'être scolarisés (moins de 10 % en
54), le bilan scolaire colonial apparaît dérisoire, contrairement à ce que
peuvent affirmer les thuriféraires de la colonisation positive. L'histoire
de la politique scolaire coloniale n'a ainsi jamais été ce lent mouvement
de civilisation des populations locales. Elle apparaît plutôt comme
un processus profondément contradictoire dont les déterminants sont à
rechercher aussi bien chez les émetteurs que chez les récepteurs de cette
politique.
Reprenant une analyse historique de l'imposition du système scolaire
français à l'Algérie et restituant des mémoires et des expériences d'acteurs,
le présent ouvrage va au fond de ces contradictions, dont les instituteurs
et enseignants ont en été les figures emblématiques. La République
a bien été en effet coloniale et beaucoup d'enseignants en ont
été les instruments, à leur insu ou conscients. D'autres, plus nombreux,
se sont confrontés au nom des principes fondateurs de la République,
aux dénis de droits, à l'injustice et aux atteintes à la dignité humaine.
Leur action en Algérie coloniale n'a de pendant que la discrétion de leur
retrait ces dernières années face aux bruits et fureurs soulevés ici et là
par un revivalisme des mémoires coloniales.
Adossées à une analyse historique, les mémoires et les expériences
de ces enseignants illustrent leurs engagements, aussi bien dans la situation
coloniale, où ils ont voulu pour certains être des passerelles entre
les communautés clivées, que dans l'Algérie indépendante où nombre
d'entre eux ont participé à la socialisation de la jeunesse algérienne et
soutenu la construction du jeune État-nation algérien.