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Juriste irakien de la fin du Xe siècle et de la première moitié
du XIe siècle, al-Mawardi (974-1058) est considéré, à juste titre,
comme l'un des meilleurs auteurs politiques de l'âge classique de
l'Islam. S'il est bien connu dans la tradition orientaliste grâce à
son célèbre traité intitulé les Statuts gouvernementaux, ouvrage de
droit public et administratif qui fut traduit dès la fin du XIXe siècle
en plusieurs langues européennes, son texte De l'éthique du Prince
et du gouvernement de l'État nous fait découvrir les facettes littéraires
et philosophiques de ce penseur politique. Faisant partie de la
tradition des Miroirs des princes, les réflexions politiques sont
puisées, ici, dans deux sources distinctes de celle du droit : d'un
côté, l'histoire des grands souverains, et, de l'autre, les maximes de
sagesse prononcées par les philosophes, les poètes ou les hommes
politiques, qu'ils soient arabes, perses ou grecs. La force du texte
que nous traduisons réside principalement dans le fait que l'analyse
de l'éthique du Prince et la description de sa conduite exemplaire
sont subordonnées à l'étude de son métier et des responsabilités
qu'il doit assumer auprès des gouvernés. De quelle manière former
le chef politique ? Comment administrer l'État ? Et que faire pour
conserver le pouvoir ou empêcher sa corruption ? Telles sont les
questions auxquelles répond le texte d'al-Mawardi, et qui en font un
traité de gouvernement rappelant les écrits politiques de Machiavel,
de Bacon ou de Juste Lipse.
Cette traduction inédite est enrichie d'une annotation
philologique et conceptuelle, et précédée d'une introduction
(Essai sur les arts de gouverner en Islam) qui analyse la genèse des
rationalités gouvernementales, tout en éclairant le contexte de
l'élaboration de la pensée politique d'al-Mawardi, et en comparant
son oeuvre avec d'autres textes de la même période. L'ensemble
témoigne de l'étonnante actualité de ce penseur, que ce soit par
la façon dont il articule l'éthique et la politique, par son ouverture
aux maximes universelles des arts de gouverner, ou sa manière de
penser le statut de la religion au sein de l'État.