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Les rares monographies d'envergure consacrées à la prière d'intercession telle qu'elle figure dans les Écritures, ont en quelque sorte disqualifié cette dernière. La présente étude postule une autre origine à l'intercession. Si l'homme biblique prie Dieu en faveur d'autrui, c'est qu'il applique dans ses relations à Dieu une pratique, non pas magique ou superstitieuse, mais plus simplement anthropologique et sociale. C'est parce que l'intervention en faveur d'un tiers se révèle d'une grande efficacité car mettant en jeu des valeurs relationnelles et interpersonnelles de premier ordre, que l'intercession entre les hommes a été jugée digne d'exprimer une part des relations entre l'homme et Dieu. À l'aide d'une définition narrative de l'intercession, l'examen détaillé des textes de la Bible hébraïque (les intercessions de Juda, de Rahab, de Jonathan, d'Abigaïl, de Joab, de Bethsabée, du Roi d'Aram, d'Ébedmélek et d'Esther) permet de dégager une manière de phénoménologie de l'intercession entre les hommes, en mettant en lumière son mode de fonctionnement et, en particulier, les raisons de son succès ou de son efficacité. L'étude d'un exemple d'intercessions bibliques adressées à Dieu (celles d'Amos) montre que l'intercession auprès de Dieu peut être analysée au moyen des mêmes outils méthodologiques que l'intercession entre les hommes, et confirme le fait que l'intercession auprès de Dieu relève du même procédé que l'intercession entre les hommes puisque celle-ci se trouve aux origines de celle-là.
