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Ya-t-il un bon usage de la discontinuité en histoire de la philosophie ? Toutes les thèses philosophiques du passé sont-elles commensurables aux thèses actuelles ? Les théories médiévales de la signification et de la référence sont généralement considérées comme les plus accessibles à une confrontation directe entre pensée médiévale et pensée moderne. L'objet des conférences ici rassemblées est de réfléchir sur les conditions et les limites d'un tel dialogue en se concentrant sur une difficulté récurrente de la sémantique des propositions, à l'intersection de la logique et de la métaphysique : la question de la référence vide. Suivant la méthode «généalogique» définie dans L'Art des généralités, Alain de Libera propose un parcours allant de Pierre Abélard, Jean Buridan et Grégoire de Rimini à Alexius Meinong, Anton Marty et Adolf Reinach, du nominalisme médiéval au réalisme post-brentanien. Cette histoire des théories du signifié propositionnel est l'occasion d'introduire des outils nouveaux en histoire de la métaphysique, comme les «tropes» ou «particuliers abstraits» et les truth-makers («vérifacteurs»), et de tester leur apport, par-delà l'opposition entre histoire analytique et histoire «épistémique».
