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L'un des fondements de la division sexuelle du travail est de
réserver aux seuls hommes le maniement des armes et d'interdire
aux femmes l'accès aux métiers d'ordre qui font usage de la force.
Dès lors, l'entrée des femmes dans l'institution policière constitue
une rupture anthropologique qui met fin au monopole masculin de
la force publique.
À partir d'un riche matériau d'archives et de récits de vie, le
livre de Geneviève Pruvost montre qu'en France, il a fallu plus d'un
demi-siècle de débats pour que les femmes passent du statut d'assistantes
de police dévouées à l'enfance dans les années 1930 au statut
de fonctionnaire de police à part entière. L'ouverture progressive
de la police aux femmes, parce qu'elle transgresse les usages, est un
levier pour explorer tout au long du siècle l'inédite collaboration
entre police, travail social et féminisme réformiste, la dénonciation
de la violence d'État par les policiers de la génération «1968», la
constitution du féminisme d'État autour du principe d'égalité professionnelle,
le rôle d'arbitrage joué par le Conseil de l'Europe et
les syndicats policiers, la fabrique médiatique des «femmes flics»,
enfin la place accordée aux minorités dans la police de proximité.
Cet ouvrage étudie les étapes successives de ce mariage improbable
entre un sexe et une profession comme autant d'indices des
changements qui ont affecté les rapports entre l'État et les citoyens,
permettant à la fois de retracer une histoire du genre, du principe
d'égalité, et de proposer une autre histoire de l'institution policière
et du rapport à la violence.