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On célèbre en 2007 le tricentenaire de la mort de Sébastien le Prestre de Vauban (1633-1707). Vauban est un nom célèbre et garde l'image d'une icône à laquelle on attribue de très nombreux forts qui bornent les frontières de France. Mais de nombreux éléments restent méconnus : Pourquoi a-t-il si peu publié sur la fortification ? Était-il vraiment un prérévolutionnaire, mort en disgrâce, comme l'affirme Saint-Simon ? Pourquoi passe-t-il les dernières années de sa vie à rédiger la Dîme royale, proposition de réforme fiscale ? Vauban a vite saisi les limites de sa fonction de technicien militaire d'élite à laquelle on le restreint encore trop souvent aujourd'hui. L'étude de ses innombrables voyages et "visites de places" fait apparaître un Vauban observateur des pays français. Passant et repassant d'un bout à l'autre du royaume, il enquête, quantifie, compare les sites, les modes de vie et les pratiques : Vauban énonce peu à peu les conditions d'une maîtrise du territoire français et construit ainsi l'idée d'un territoire homogène. Peu concerné par la représentation cartographique et les plans-reliefs alors naissants, il élabore une représentation numérique et arithmétique de l'espace, inventant au passage le recensement moderne et les formulaires pré-imprimés qui permettent de comparer des données homogènes. Voyageur, scientifique, auteur d'innombrables traités et mémoires, ami du roi, Vauban est un intellectuel avant la lettre, bien plus civil qu'on ne veut bien le dire. Plus encore que son oeuvre de pierre, ses "constructions de papier" constituent une source fondamentale de notre rapport moderne au territoire.
