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Depuis la traduction au Mercure de France, en 1973, du Journal 1945-1951, plusieurs volumes publiés en grec sont venus le prolonger, en amont (1925-1945) comme en aval (1951-1971) : les présentes Pages de Journal en offrent une anthologie aussi représentative que possible. Grâce aux ouvrages déjà traduits (Poèmes, Trois Poèmes Secrets, Essais), le lecteur français peut désormais apprécier l'ensemble des facettes d'une personnalité et d'une oeuvre de première importance.
Ces pages s'attachent moins à consigner les anecdotes qu'à suivre, au fil des <> (titre grec de ces cahiers), la lutte avec les mots et les mythes d'un homme conscient de sa vocation, de ses exigences et des moyens nécessaires à sa réalisation. Cette saisie du travail poétique à sa racine même se double d'une incessante méditation sur le destin de la Grèce d'hier et d'aujourd'hui. Témoin, parfois acteur (en raison de son activité diplomatique), de l'histoire tragique de son temps, Séféris élabore au fil de son journal une vision éthique autant qu'historique. La Grèce devient à ses yeux le symbole d'une certaine idée de l'homme, dont la composante essentielle, aussi vieille que les présocratiques et Eschyle, est la justice. Ces Pages de Journal sont traversées d'une foi en l'homme bien propre à nous réconforter en <>, plus misérable encore qu'à l'époque de Hölderlin.
