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C'était au temps où il y avait encore des oignons dans les hamburgers de la gare Centrale et où
le nom de «Yougoslavie» commençait à n'être plus qu'un vain mot. C'était au temps de Bush
le père et du retour de la guerre en Europe. C'était le temps où les rescapés de la dernière - celle
d'après la «der' des der'» - entraient irrémédiablement en sénescence et se mettaient à rouler
sous terre, de plus en plus nombreux : leur parler, les écouter devenait une nécessité, dont tous,
hélas ! ne se rendaient pas compte. C'étaient les années quatre-vingt-dix.
Un roman sur ces années-là ? Non, pas vraiment. Ces années-là offrent juste un cadre très
général à un récit plutôt intimiste : le récit d'un amour entre deux jeunes universitaires, Vasco
et Grisélidis, un fils d'immigré et une Gauloise. Ce récit se double d'une sorte d'inventaire,
disséminé de chapitre en chapitre, des relations entre Vasco et son père. Ce dernier, qui a fait
la Deuxième Guerre mondiale dans les rangs de l'armée italienne, ne vit plus qu'allongé dans
son rocking-chair, une Gazzetta dello sport bien rose sur la panse, face à une grosse télévision
où s'enchaînent des séries d'un autre âge. Le vieil homme ne pipe mot et Vasco semble tout
ignorer de son passé, du temps où cet homme était un homme debout, arpentant la Dalmatie,
la Toscane et les charbonnages belges, bien campé alors sur ses deux jambes.
Quant à Grisélidis, cela ressemble à de l'amour, à du grand amour. Mais les histoires d'amour
ne se résument pas toujours à une droite tirée entre deux points ; leur dessin s'apparente
parfois à un triangle.