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Statufié et mythifié, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683)
est sûrement l'un des ministres de la France qui a le plus marqué
la postérité. Apprécié de Louis XIV, qui en fit son homme de
confiance, détesté de Fouquet, dont il causa la perte, et de Mme
de Sévigné, qui le surnommait "le Nord" en raison de son
attitude glaciale, il fut érigé en modèle de travail et de vertu
par le XIXe siècle républicain qui a vu en lui la probité récompensée
et le labeur incarné.
Toute l'originalité de ce livre réside dans l'analyse du
succès de ce tout-puissant serviteur de l'Etat qui, assez peu
religieux et fort tolérant à l'égard d'autres confessions, eut à
affronter vingt ans durant une cabale de dévots, composée de
chevaliers de Malte, d'ecclésiastiques et d'amis de Fouquet.
Héritiers des Frondeurs, voire des Ligueurs, ils tentèrent
d'entraîner le Roi Très Chrétien dans une nouvelle guerre sainte
contre les Turcs à laquelle Colbert opposa une politique de
conciliation héritée de François Ier.
Centrées sur cet axe majeur, les grandes "affaires" du
règne de Louis XIV prennent un autre visage : la disgrâce de
Fouquet, l'affaire des Poisons et l'internement du Masque de fer
ne sont plus des histoires séparées, comme on les présente
souvent, mais une seule et même histoire, celle qui oppose le
temps révolu des croisades à celle de l'Etat moderne en construction.
Ainsi traité, ce portrait de Colbert revisité reflète sa
véritable personnalité : non pas celle d'un "souple commis" mais
celle d'un authentique homme d'Etat.