Ulteriori informazioni
Bien avant la vague médiatique de la Grameen Bank, du professeur
Yunus et de la microfinance, s'étaient mises en place au Burkina et au Togo,
au début des années 1970, des coopératives d'épargne et de crédit. Contrairement
aux idées reçues de l'époque, elles montraient qu'il était possible de
collecter l'épargne en milieu rural, d'octroyer du crédit qui se remboursait à
quasiment 100 % et de faire gérer, pour l'essentiel, ces nouvelles structures
par les membres eux-mêmes, en dehors d'interventions étatiques.
Depuis, ces coopératives ont grandi, gagné le milieu urbain, diversifié
leur sociétariat et leurs produits financiers, se sont professionnalisées et
informatisées. D'autres pays, comme le Bénin, le Mali ou le Sénégal ont
rejoint cette dynamique. Six réseaux nationaux se sont récemment réunis, en
juin 2007, en une Confédération des institutions financières. Ils regroupent
actuellement plus de 1,8 million de membres et sont, pour la plupart, des
leaders dans leurs pays pour la collecte de l'épargne et l'octroi de crédit.
Ce livre s'attache à raconter leur histoire, leur forte expansion, leurs
mutations, leur construction institutionnelle, la conquête de leur autonomie
financière. Cette histoire se fait par étapes. Elle est ponctuée périodiquement
par des crises qui font apparaître le jeu des différents acteurs, le poids
des intérêts, les divergences de stratégies. Le succès n'est jamais garanti et
de nouveaux défis apparaissent.
Au-delà des performances financières, les différents réseaux veulent
conserver leur spécificité et réaliser un équilibre entre leur vocation sociale
et la nécessaire réussite économique ; maintenir une gouvernance originale
et la tension féconde entre les élus bénévoles et les cadres de plus en plus
professionnels, continuer à s'intéresser aux membres féminins et aux
petites opérations financières, souvent peu rentables ; assurer une péréquation
entre caisses rurales et caisses urbaines et contribuer ainsi au financement
de l'agriculture et du milieu rural. Les réseaux contribuent sans nul
doute à la lutte contre la pauvreté mais leur objectif principal est l'inclusion
financière, c'est-à-dire l'accès d'une large majorité de la population à des
services financiers de qualité.