Ulteriori informazioni
Shanghaï, 30 mai 1925. Manifestation populaire du côté des concessions internationales. La police britannique ouvre le feu. Canton, 23 juin. Même scénario mais, cette fois, les Français tirent aussi. C'est la grève générale des travailleurs chinois, le boycott de Hong-Kong, et une crise d'ampleur internationale s'étend rapidement. Sun Yat-Sen, le fondateur de la République Chinoise, est mort voilà quelques semaines. A Shanghai, Borodine, le satrape de Moscou, manipule les nationalistes : le communisme s'infiltre rapidement dans le grand corps décomposé de l'ancien Empire du Milieu.
En Europe, l'opinion suit attentivement l'événement. Pour renforcer sa présence à Shanghai et protéger les ressortissants français, la Marine Nationale décide de réarmer une canonnière et de l'envoyer en Extrême-Orient. Car, depuis l'établissement de concessions internationales en Chine continentale, la Marine Nationale, comme la Royal Navy, l'U.S Navy ou la Marine japonaise et d'autres encore, entretient sur le fleuve Yang-Tsé-Kiang, immense voie de pénétration fluviale vers l'intérieur du continent, des navires pour maintenir l'ordre dans le pays, y garantir la liberté des échanges, la protection des voyageurs et celle des missionnaires. Ces canonnières appliquent une politique qui portera désormais leur nom. Elles navigueront de 1898 à 1950.
On ne connaît cette histoire particulière en Chine que par des témoignages et des récits ultérieurs. Cependant, on ne connaissait pas jusqu'ici de « journal de campagne » racontant la vie quotidienne sur ces unités isolées dans un pays peuplé de centaines de millions d'habitants de plus en plus hostiles, au milieu d'un chaos politique total et dans un climat de violence sporadique. Voici celui qu'a rédigé avec beaucoup de soin un jeune enseigne de vaisseau, Pierre Franconie, embarqué sur l'Alerte en août 1925. Son récit, complété par des documents d'époque, est vif et précis. Les Empires coloniaux sont à leur apogée et les pavillons des Occidentaux couvrent la planète. Ces deux éléments constituent l'univers dans lequel évolue notre enseigne : ils expliquent bien des jugements, éclairent bien des remarques de sa part. Du reste, P. Franconie note tout avec simplicité et rien n'a été modifié, quant au fond, de ce témoignage vivant, direct, tout personnel : outre sa rareté, la vivacité même de ce récit le rend très attachant.