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Des événements de Mai 68 au conflit de LIP, le dominicain Jean
Raguénès s'est efforcé de lier engagement sur le terrain des luttes
sociales et vie spirituelle.
Éducateur de jeunes délinquants, aumônier du centre Saint-Yves des
facultés de Droit et de Sciences économiques à Paris, il vécut intensément
Mai 68 et prit fait et cause pour les «Katangais», ces jeunes
marginaux enrôlés au service de la révolution. Sa condition de religieux
en fut profondément éprouvée. Mais, loin d'abandonner l'Église, il fit
le choix d'une vie religieuse plus radicale au service de la libération des
opprimés de la société. Il quitta son couvent parisien pour vivre et travailler
parmi les ouvriers à Besançon.
Tout en accueillant chez lui des jeunes sortant de la Maison d'arrêt, il
fut embauché en juillet 1971 dans l'usine de fabrication des montres
LIP. Lorsque le conflit social éclata dans l'usine en avril 1973, il s'investit
dans les luttes en participant, en marge de la CGT et de la
CFDT, à la création et à l'animation d'un comité d'action. Il fut de
toutes les étapes de cette expérience d'autogestion si novatrice, si
inventive qu'elle symbolisa, un temps, tous les espoirs de changement
de la société française.
Jean Raguénès traversa les années LIP en ayant constamment le souci
de trouver dans les luttes menées pour la survie de l'usine les moyens
d'exprimer la libération des hommes. Il maintint qu'il était «possible
de vivre, penser et travailler autrement» et puisa dans ses convictions
spirituelles la volonté d'être au coeur des événements qui façonnaient
son époque. Aujourd'hui encore, il poursuit ce combat en vivant au
coeur de l'Amazonie au service du mouvement des travailleurs paysans
sans terre.