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Organiser des rencontres consacrées aux «perspectives européennes
des études littéraires francophones», en recueillir les
échanges dans ce volume, repose sur un pari dont il appartient au
lecteur de vérifier la réussite. Au fond, la question est simple :
l'Europe existe-t-elle ? Doit-on se contenter pour la définir de
simplement juxtaposer les différents États et les différentes cultures
qui la composent ? Faut-il au contraire la replacer plus
modestement dans un monde occidental dominé par les États-Unis
et la langue anglaise ? Le développement des «études post-coloniales»
est venu brouiller la frontière des États et des continents.
Mais à l'heure où l'hybridation, le métissage, le nomadisme
passent pour des évidences universelles, on oublie un peu rapidement
que les nations n'ont pas disparu. Les approches françaises
diffèrent souvent encore des problématiques du monde anglophone
: et dans cet univers anglo-saxon dont les Français ont
trop rapidement tendance à réduire la diversité, les analyses
développées aux États-Unis ne coïncident pas toujours, il s'en
faut de beaucoup ainsi qu'on le verra dans cet ouvrage, avec les
recherches conduites en Angleterre. Quelle place et quelle réalité
pour l'Europe dans ce monde qui se traverse si facilement de part
en part ? Continent plurilingue, engagé depuis des siècles dans de
nombreux échanges culturels, mis en relation avec la quasi-totalité
du monde, dialoguant depuis un siècle avec le monde américain
dont elle recueille l'influence, l'Europe se définit comme un
immense carrefour, comme le lieu de passage souvent encore
obligé entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest, en particulier pour
l'étude des francophonies. De ce goût du dialogue, la tradition du
comparatisme témoigne avec éclat dans les universités, sensibles
à la nécessité de surenchérir dans les échanges.