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L'opéra, fait de civilisation majeur dans nos sociétés, est étudié
à travers le prisme de ce que Walter Benjamin a appelé l'«un
des grands romans sur le XIXe siècle» : Le Fantôme de l'Opéra de
Gaston Leroux. De multiples adaptations cinématographiques
mêlent grandioses réalisations de studios (Universal, Hammer) et
films d'auteur cultes (Brian de Palma, Dario Argento), au risque
du kitsch. La comédie musicale d'Andrew Lloyd Webber pulvérise
tous les records d'audience et de longévité, parachevant un mythe.
Quelles conceptions se fait-on de l'opéra et quelles représentations
en donne-t-on quand on passe du roman à son illustration, du cinéma
à la comédie musicale et du ballet à la fan fiction ? Mais aussi du
grand répertoire lyrique au rock ou au heavy metal, de la féerie à
l'horreur, des adultes aux adolescents, des hommes aux femmes,
d'un siècle à l'autre ? Ou encore de la France aux États-Unis et à la
Chine, et de la Grande-Bretagne à l'Italie et à l'Amérique du Sud
? Cet essai interroge le devenir du divertissement en Occident,
de l'essor du spectaculaire romantique au triomphe de l'industrie
culturelle mondialisée. Il montre que si l'opéra comme genre
et pratique semble s'effacer peu à peu, son esprit perdure sous
d'autres formes et par d'autres moyens : l'opéra et ses succédanés
prennent en charge des aspirations dont l'homme ne peut se passer
et dont eux seuls ont la clef.
Plus largement, cet ouvrage s'attache à ce que Nietzsche a
nommé la «civilisation de l'opéra» et dont le Palais Garnier,
quintessence de «Paris, capitale du XIXe siècle» et de la culture
bourgeoise à son âge d'or, apparaît comme la figure de proue.
S'appuyant sur les sources les plus diverses, il parcourt tout l'édifice
de son imaginaire pour identifier dans le couple formé par l'Opéra
fabuleux et son Fantôme monstrueux l'allégorie d'une modernité
équivoque. Il traite enfin de notre rapport à cette civilisation, fantôme
étonnamment vivace des cultures et sociétés contemporaines.